NAFTEL Isigny le Buat

Publié par Georges DODEMAN

NAFTEL Isigny le Buat

Naftel

Loin des grandes routes, Naftel conserve tout le cachet d'une vraie petite commune du terroir et témoigne avec sa petite église au patrimoine architectural certain, de ce que pouvait être une petite paroisse de l'Ancien régime.

Échappant heureusement à la fureur des guerres de religion car elle n'offrait ni grands châteaux ennemis, ni imposants monastères, et à celle des révolutionnaires parce qu'il n'y avait là pas grand chose à gratter, elle fut encore par bonheur épargnée des bombardements de la Libération qui frappèrent tout à côté à Saint-Hilaire, dans le canton voisin.

La commune-canton, son exceptionnelle unité, nous trompe un tantinet sur ce que pouvait être ce petit coin de la Normandie profonde juste avant le grand chambardement des années révolutionnaires. Naftel, dont l'étymologie n'est pas certaine (1), dépendait du doyenné de Saint-Hilaire quand, tout à côté par exemple, Montigny et la Mancellière étaient rattachées à Cuves. Malgré sa maigre population, jamais guère plus de 200 habitants, elle eut toujours curé et vicaire, dépendant étroitement de Saint-Hilaire via la sergenterie Corbelin (2) qui avait son siège au manoir de la Corblinière (3) du nom des seigneurs du même nom jusqu'en 1517. Quand Nicole Corblin épousa Pierre de Bordes capitaine du château d'Avranches, Naftel resta dans cette famille et ceci jusqu'en 1700 pour passer ensuite par mariage aux de Pracontal. La visite pastorale de l'évêque Daniel Huet l'été 1694 montre 130 habitants et déjà une « petite école » tenue par Samson Tétrel.

La Révolution passa sans trop de dégâts, M. de Pracontal ayant dès l'an II, apporté de lui-même à la mairie ses titres féodaux pour les brûler. Les curés constitutionnels (Jacques Le François et Claude Nicolle), sans doute du fait de la proximité de la Garde nationale de Saint-Hilaire, ne furent jamais inquiétés ; tout au plus l'arbre de la Liberté fut coupé mais les deux prêtres ne quittèrent la cure qu'après le Concordat.

(1) l'origine du mot Naftel est incertaine ; F. de Beaurepaire note : « malgré les apparences, on peut douter que ce nom dérive du nom navet » ! Depuis le XIIIème siècle, il était toujours orthographié Navetel ou Navetet. « Nav » qui signifie source en celtique est une autre explication assez rationnelle puisque c'est là que l'Yvrande prend sa source.

(2) les sergenteries, rappelons-le, étaient avant la lettre une sorte de « privatisation » de l'exercice de certains droits régaliens des représentants du souverain (pour la basse-justice, les poids et mesures, etc.). Celle dite « Corbelin » s'étendait sur 28 paroisses réparties à la fois sur Saint-Hilaire (Parigny, Chévreville, Virey par exemple), Ducey (Saint-Quentin, le Mesnil-Ozenne), et beaucoup d'Isigny (Montigny, Mesnil-Thébault, les Biards, Vezins, Chalendrey, le Buat, la Mancellière). Tout ça disparut à l'avènement de l'absolutisme royal.

(3) les restes de l'ancien château étaient encore visibles avant la Grande Guerre, le moulin dont on reparlera plus loin, attesté dès le XIème siècle en dépendait.

De 1793 date aussi l'engagement dans le 5è bataillon de la Manche du fils du meunier, Jacques-Philippe Guilmard, dont nous parlons amplement plus loin.

Curieusement, fait à rapprocher de la « grande » histoire cette fois, celle de la commune-canton, c'est de 1818 que date un premier projet de fusion entre Isigny et Naftel, mais que cette dernière commune refusa. Projet qui revint à l'ordre du jour quand J.P.Guilmard devint maire d'Isigny (en 1836), mais que son pays natal repoussa à nouveau. Nul n'est prophète en son pays ! On verra au chapitre « écoles » que de nouvelles approches eurent lieu avec d'autres communes mais Naftel refusa encore pour gérer seule la construction d'une première école en 1851 à 80 mètres de l’église, puis d'une seconde plus importante et mixte en 1910 sur un terrain appartenant à Auguste Serrand.

Jacques-Philippe GUILMARD

(Naftel 1771 – Isigny 1845)

Un précurseur du regroupement de communes

NAFTEL Isigny le Buat

Ce fils du meunier de Naftel, destiné à devenir menuisier, répond à l’appel de la « Patrie en Danger » et s’engage comme volontaire au 5e bataillon de la Manche. Il fera les campagnes de la Révolution, du Consulat et de l’Empire, franchissant tous les grades pour finir chef de bataillon à l’état-major général de la grande armée. Décoré de la Légion d’honneur par l’empereur Napoléon dans les murs de Moscou, il se retire dans sa commune natale.

Maire-adjoint de Naftel, puis maire d’Isigny (chef-lieu de canton), il deviendra conseiller d’arrondissement, juge de paix suppléant, commandant de la garde nationale. Jacques-Philippe Guilmard a le souci constant de l’éducation des enfants de son canton. En 1833, intervient la loi Guizot qui oblige chaque commune à avoir une école primaire ou de s’associer avec une ou plusieurs communes pour en édifier une à frais communs. Des comités communaux et d’arrondissements sont créés pour contrôler l’application de cette loi. Le maire d’Isigny est alors nommé président du comité local de surveillance de l’instruction et inspecteur des écoles du canton d’Isigny.

Le commandant Guilmard fédérera les communes d’Isigny, Mesnil-Thébault, le Buat, Mesnil-Bœufs et Naftel pour la création d’une école de garçons unique au chef lieu de canton. Ce souhait réalisé, il se battra pour que l’enseignement des filles ne soit pas en reste. Ce n’est qu’après sa mort que ce dernier projet aboutira par la construction d’une école de filles intercommunale.

Ainsi, en s’associant déjà avec plusieurs communes du canton pour la scolarité, il amorça l’idée du regroupement des communes. Vers le milieu du XIXe siècle, certains habitants réclameront la fusion entre Isigny et le Buat. Ce n’est qu’en 1968 que ces deux communes ne feront plus qu’une et quatre plus tard, naîtra la première commune canton de France.

(texte de Charly Guilmard)

Vous trouverez à la fin de cet article de nombreuses photos sur Naftel

Les municipalités du XXème siècle.

Les archives municipales sont bien fournies pour cette période où officie depuis le 24 août 1877 comme premier magistrat municipal Charles Auguste Jouenne. C’est à lui que l’on doit l’initiative de la construction de la nouvelle école en 1910 ; François Levindrey va lui succéder (22 août 1909- 16 novembre 1941).

Les inventaires liés à la séparation de l'Église et de l'État eurent lieu à Naftel le 11 février 1906 où malgré l'occurrence ce jour du marché de Saint-Hilaire, 150 paroissiens appelés par le glas parvinrent à empêcher l'envoyé du gouvernement d'entrer. Cinq jours plus tard, le percepteur de Saint-Hilaire, accompagné de 8 gendarmes et de 50 soldats surprit la population : on sonna le tocsin, 200 personnes se déplacèrent mais en vain car la troupe cernait déjà le cimetière.

Comme dans toutes les communes voisines, le rapport académique de 1913 est éloquent de la faible envergure de cette petite commune essentiellement rurale : 280 hectares pour 204 habitants, 16 propriétaires et 22 fermiers qui louent autour de 100 F l'hectare, chiffre à rapprocher des 300 F l'année pour un journalier ou 1,25 F par jour pour un brassier) occasionnel. Il y a peu de bovins du fait de l'exiguïté des fermes et une modernisation timide : quelques charrues-brabants, faucheuses et râteleuses mais des porcs, des oies et des ruches partout. Les « grands progrès » relevés par l'instituteur sont les deux chemins ruraux devenus vicinaux et donc mieux entretenus en 1911, mais surtout l'avènement de la ligne de chemin de fer Avranches-Domfront qui permet d'exporter des pommes de terre (30 F la tonne), du cidre (0,15 F le litre) par la gare d'Isigny d'où arrive, en sens inverse, de la pierre, de la chaux, et surtout de précieux engrais. Le bourg possède une auberge, deux épiceries, un charron, deux maçons ; le boulanger de Saint-Hilaire passe deux fois la semaine et le boucher le dimanche matin. Les deux grands « pics » de la semaine restent la messe du dimanche matin et surtout l'incontournable marché du mercredi de Saint-Hilaire tout à côté.

La grande guerre de 14/18 va faire à Naftel 13 victimes. En souvenir et pour les honorer, le conseil municipal va édifier un monument aux morts qui sera bénit le 22 mai 1921. La commune est alors forte de 222 habitants, travaillée comme partout autour par le problème des bouilleurs de cru qui ont un premier atelier de distillation au Courot (1922), puis dans la prairie de la veuve Cronier (1940). Les premiers emprunts pour l'électrification datent de 1935.

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Auguste Lefranc (9 avril 1942 au 2 mars 1952) puis Auguste Picot (2 mars 1952 au 30 juin 1968) vont succéder à François Levindrey.

L'occupation a laissé quelques souvenirs intéressants dans la mémoire des habitants : la famille Junca ayant déménagé du café-épicerie-mercerie-tabac qu'ils tenaient depuis 1930, les officiers allemands s'y installèrent, une petite « kommandantur » siégeant à la Taconnière avec à la clef concert de musique militaire tous les dimanches et natation virile et sportive des soldats... dans le bief du moulin tout proche ! En 1942, l'occupant sentant sans doute le vent tourner, fit creuser des tranchées-abris le long des routes. A la débâcle de 1944, la scierie attenante au moulin fonctionna 48 heures jour et nuit pour fournir des cales pour le matériel des véhicules allemands. Quelques bombes tombèrent à Courot, la Gérardière, la Tangue, mais la petite commune put s'estimer, par rapport à quelques voisines comme Chalendrey et la Mancellière, relativement épargnée.

Dans cet après-guerre, le conseil municipal (secrétaire Gaston Dorrière) nomme Paul Geslin comme sonneur civil, Maria Vadaine, puis Lucie Normand comme gardienne de l’église, Lucien Levannier puis Léandre Couasnon comme cantonniers et confie les gros travaux de voirie aux Ponts et Chaussées en 1953.

M. et Mme Junca quittent la commune en 1955 pour mettre en place, avec leur fils Fernand, l'industrie de bobinage électrique industriel qui fera travailler des centaines d'ouvriers à Saint-Hilaire. L'année suivante (1956), démarre le projet de groupe scolaire (voir notre chapitre écoles) qui sera inauguré en 1959 et, fait notable, le 4 mai 1961, une tornade endommage tout à la fois l'église, les écoles, le presbytère.

La commune adhère en 1961 au syndicat intercommunal d'alimentation en eau potable ; deux ans plus tard, elle décide la modernisation des chemins de la Bancière, la Delinais, la Corblinière mais sans pouvoir enrayer la baisse démographique importante : 186 habitants en 1964.

A son décès en 1971, Auguste Picot, remplacé car souffrant depuis 1968 par son adjoint Victor Normand, peut s'enorgueillir d'un bilan fourni : ouverture de plusieurs chemins, aménagement des sorties de villages, de la place de l'église, dégagement des virages dangereux de la commune, construction de l'école, de la mairie, rénovation de l'église et du presbytère et de divers autres bâtiments communaux.

Le mandat de Victor Normand (27 mars 1971-18 mars 1983), adjoint Alphonse Malle, se place dans un tournant crucial, celui de la fusion des communes et de la création de la commune-canton, ce qui ici, ne se fait pas sans mal. Comme à la Mancellière, le maire est contre et la décision d'adhérer ne se joue que d'une voix... et encore, qui n'a basculé qu'à la dernière seconde après on ne sait quelles « négociations » souterraines. Malgré tout, Naftel échappe donc, contrairement à la Mancellière, à l'oukase préfectoral. C'est une période où on sent bien, malgré tout, qu'un monde s'efface car au moment (1976) où l'enseignante emblématique qu'était Mme Irène Derain depuis 1953 part en retraite, l'école ferme également sa classe unique à la rentrée.

René Danguy, maire depuis 1983 aura à affronter la tempête de 1999 qui dans la nuit du 25-26 décembre brisera l'oratoire de la Salette.

René Danguy porte un regard lucide sur ces vingt dernières années : « nous sommes passés de 89 habitants en 1983 à 210 à l'heure actuelle. Après de durs labeurs, le remembrement de 1985 a permis de dégager des terrains libres qui, tout en compensant la baisse du nombre d'agriculteurs, a permis d'offrir de nombreux terrains via trois lotissements en vingt ans la construction pour des ménages travaillant à Saint-Hilaire tout proche, voire jusqu'à Avranches. L'avenir est aux regroupements, à une échelle supérieure encore à ce que nous avons connu en 1973 ».

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l’église de Naftel

et la vie religieuse

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La paroisse de Naftel fut rattachée à celle d'Isigny depuis le Concordat de 1802 jusqu'en 1848, peu de temps avant la chute de Louis-Philippe. Cette année-là, Mgr Robiou nomma à la cure de Naftel l'abbé Couëtil qui était vicaire à Milly depuis 5 ans. M. Couëtil devait rester à Naftel jusqu'en 1861 puis quitter le ministère pour raison de santé.

C'est lui qui fit à l'église les premiers travaux de restauration. L'édifice n'était en ce temps-là qu'une chapelle rectangulaire de 20 mètres de longueur sur 6 mètres de largeur, pas de chapelles, pas de sacristie extérieure. Le chevet était un mur plat qui se situait à la hauteur des 2 premières fenêtres et qui était pourvu d'une belle fenêtre à meneaux. L'autel venait presque jusqu'à la balustrade ; derrière l'autel, la sacristie d'un mètre de large seulement. Du côté nord, une seule petite fenêtre romane, très étroite ; au sud, dans le chœur, 2 fenêtres plus grandes et dans la nef, une belle fenêtre en arc surbaissé, celle qui existe toujours près du clocher et une plus petite à côté. En plus du maître-autel en bois, il y avait un autel en pierre du côté nord le long du mur au milieu de l'église ; c'est l'autel de la Sainte Vierge qui se trouve maintenant dans la chapelle de gauche.

M. Couétil commence par réparer les bancs et le confessionnal, repeindre les statues, acheter des ornements et les objets nécessaires au culte : ciboire, custode, croix et chandeliers. Le clocher était entièrement ouvert dans l'intérieur de l'église. Il fait construire un plancher et une cloison en argile, sans doute les 2 arcades en torchis que nous voyons encore maintenant. Il voudrait ouvrir des fenêtres du côté nord, l'une pour les femmes dans la nef, l'autre dans le chœur, pour les hommes, prolonger le chœur de 7 à 8 pieds pour avoir plus de place et une sacristie convenable ; mais la modicité de ses ressources et la cherté de la vie ne lui permettent pas de songer à des travaux si importants. Il achète les deux anges adorateurs qui se trouvaient autrefois de chaque côté de l'autel ainsi que les statues de Saint-Pierre et de Saint-Paul, fabriquées « chez le sieur Duccini, de Coutances » qui se trouvent sous le clocher.

En 1856, il ouvre les fenêtres du côté nord de l'église et il exhausse le chœur d'un pied. On s'explique ainsi la place de la crédence ancienne qui a été mise à jour à la hauteur de l'autel primitif lors de travaux, tout près de la table de communion et en contrebas puisque le niveau a été relevé.

En 1858, il démolit le mur du pignon du chœur avec la belle fenêtre à meneaux, dont son successeur, M. l'abbé François Gautier, regrette la disparition ; et il prolonge le chœur «de 10 pieds » avec un mur à trois côtés. Pas de fenêtre dans le fond ; mais une porte côté sud pour entrer dans la sacristie, derrière l'autel.

Les propriétaires voisins et les habitants qui fréquentent le plus l'église fournissent le bois en quantité suffisante. La pierre de carreau est tirée des carrières de Montault ; la pierre froide vient de la Clavetière, en Montigny.

En 1861, M. l'abbé Couëtil est remplacé par M. l'abbé François Gautier qui reste dans la paroisse 7 ans. Il meurt prématurément, à l'âge de 51 ans, le 3 janvier 1868 et il est enterré dans le cimetière de Naftel. Son successeur nous dit qu'il ne fit pas de réparations urgentes. « Ce n'était pas son goût ; et il accepta les choses comme elles se trouvaient ».

Le 4 février de la même année, il avait pour successeur M. l'abbé Berry. Celui-ci fait remplacer les « misérables bancelles par des bancs clos » et la location des bancs a lieu le dimanche des Rameaux. Le 11 juin, fête du Saint-Sacrement, la paroisse célèbre solennellement la première messe d'un de ses enfants, M. l'abbé Moulin, nommé vicaire à Sourdeval-la-Barre et qui devait mourir curé de Notre-Darne-du-Voeu, à Cherbourg.

L’abbé Couëtil fait réparer 6 petites statues placées le long des murs de l'église. C’étaient celles de Saint-Jacques, apôtre, Saint-Aubert, évêque d'Avranches, Sainte-Anne, Saint-Antoine, ermite, Saint-Côme et Saint-Damien. Sainte-Anne et Saint-Antoine sont toujours dans l'église. Les autres furent placées par M. l'abbé Le Quertier dans le bas de l'église, à la hauteur du clocher où sont toujours restés les piédestaux. Après cela, elles ont émigré au sanctuaire de La Salette où elles souffrirent beaucoup des intempéries ; enfin elles ont dû finir chez un antiquaire.

M. Berry nous parle de la croix du cimetière. Elle fut élevée et exhaussée de moitié par M. Couëtil en 1856. Des fleurs de lys sont gravées aux angles et sur la dalle une épée, plus une pierre tombale du XIVème siècle. On suppose que le fût de la croix venait des colonnes d'un autel ancien qui se trouvait dans l'église.

Il y avait donc autrefois 2 autels en pierre. L'un était consacré à la Sainte Vierge et à sainte Anne. Il existe toujours ; il est très beau avec sa table et ses 2 colonnes de granit. L'autre fut détruit, on ne sait pourquoi. Il était élevé en l'honneur des saints Côme et Damien. On racontait autrefois que la table de pierre avait été prise par un habitant pour en faire l'entrée de son four ce qui faisait dire aux gens que le four « avait la goule bénite ».

En 1868, on pava la nef avec des pierres, débris de construction du chœur de l'église. Le monceau de pierres entassées dans le cimetière obstruait le passage de la procession au nord de l'église. M. Berry acheta les fonts baptismaux actuels pour remplacer une vieille cuve en pierre « inserviable ». Il ajoute : « les murailles de l'église étaient sales et délabrées. Je les fis plafonner en bien des endroits et blanchir partout.». C’est aussi l’abbé Berry qui, les jours de beau temps, effectuait le catéchisme au centre de l'impressionnant if creux (8 mètres de circonférence !) finalement tombé en 1889.

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En 1880, M. Berry est nommé curé de La Lucerne d'Outremer ; il est remplacé par M. l'abbé Prével qui venait de Notre-Dame-de-Livoye, canton de Brécey. II avait avec lui son père, ancien instituteur, « géomètre et architecte à ses moments de loisirs ». Il travailla surtout au presbytère dont il fit refaire la partie gauche : petite salle et cave, avec au-dessus les chambres et le grenier. « A mon arrivée à Naftel, écrit-il, l'église heureusement n'avait pas besoin de beaucoup de réparations ». En 1886, il achète le chemin de croix gothique en chrome, double coloris, cadres et couronnements dorés or fin qui existe toujours. Il achète aussi 2 cloches et fait fondre l'ancienne. Signalons qu'en cette même année mourut M. Prével, le père du pasteur, à l'âge de 76 ans. Il avait eu sept enfants qu'il avait tous donnés à Dieu dans le sacerdoce ou la vie religieuse.

Extrait de la Voix des Clochers N° 71 Avril, Mai Juin 1966

L’église dans le XXème siècle

M. l'abbé Le Quertier est le dernier curé résidant de Naftel de 1903 à 1911. C'est à lui que nous devons les derniers grands travaux. Il fait construire une sacristie extérieure pour agrandir le chœur, au nord, malheureusement. Il fait ouvrir une fenêtre au chevet de l'église avec un vitrail en l'honneur des patrons de la paroisse saint Pierre et saint Paul et qui porte la mention « Don de M. Charles Jouenne, maire de Naftel, 1904 ». Il fait ouvrir une fenêtre ancienne, sans doute pour la symétrie avec celle qui existe au nord. Enfin c'est lui qui a fait construire les 2 chapelles, l'une en l'honneur de la Sainte Vierge, l'autre en l'honneur du Sacré-Cœur et qui est devenue la chapelle des baptêmes.

Les inventaires de 1906 n'ont pas laissé dans les archives de traces particulières, le premier numéro du bulletin mensuel paroissial du curé Lequertier n'y faisant même pas allusion. En 1926 eût lieu la première messe de l'abbé Vadaine, enseignant à l'Institut N.D. d'Avranches et surtout bien connu des Saint-Hilairiens car chapelain à partir de 1972 des sœurs Clarisses.

La petite et pittoresque église a connu plusieurs visites épiscopales : en 1931 pour le baptême de la troisième cloche par Mgr Louvard (nommée « Juliette ») et en 1974 quand Mgr Wicquart vint bénir la restauration des travaux de l'église, (peintures et électrification des cloches), financés par la vente l'année précédente de l'ancien presbytère.

Une dizaine d'années plus tôt, en 1961, l'église avait été visitée par la commission d'art sacré qui avait conseillé la suppression de la chaire et de l'autel, la mise en évidence des statues et de la croix précieuse dont nous développons ci-après, les exceptionnelles caractéristiques.

La statue de la vierge et la croix précieuse

D'après un savant archéologue qui s'est occupé avec beaucoup de zèle des belles statues de notre région, la petite église de Naftel, perdue au milieu de grands arbres plus élevés que son humble clocher en bois, peut être citée comme type d'église du sud de la Manche. Malgré son aspect d'une modestie touchante, cette église contient des richesses artistiques dignes d'un grand musée.

Dans l'embrasure de la première fenêtre de la nef, du côté de l'épître, se trouve une statue en calcaire de la Vierge et l’Enfant et une croix avec un médaillon, sculpté et percé à jour. Ces deux œuvres ont été classées par les Beaux-Arts.

La Vierge et l'Enfant s'offrent tout d'abord à nos regards quand nous entrons dans l'église. C'est une statue de pierre d'un mètre de haut qui a reçu plusieurs couches de peinture, mais qui en ce moment, est toute blanche, La Vierge porte l'Enfant sur son bras gauche et sa taille assez fortement cambrée permet d'attribuer cette sculpture au XVème siècle. L'attitude est celle de la grande dame pleine de majesté : elle porte une couronne sur la tête. Le visage est encadré de deux longues tresses de cheveux, symétriques, et d'un voile sur les épaules ; la robe retombe en larges plis et la main droite semble retenir un des pans du manteau qui passe sous le bras gauche et se déploie en une belle draperie à mi-corps. Ainsi se présentent un grand nombre de statues. A Naftel, le sculpteur a montré plus d'originalité et de fantaisie dans le geste de la Vierge et de l'enfant Jésus. Le sceptre royal ou le lys sont remplacés dans la main droite par un gros fruit à côtes, difficile à identifier, gros comme une poire ou une figue.L'enfant Jésus s'amuse avec beaucoup de grâce et de naturel. Il a pris dans ses deux mains la ceinture de sa mère après l'avoir fait passer sous son pied comme un étrier.

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Dans l'embrasure de la même fenêtre se trouve une sculpture très rare dans notre région : une croix avec un médaillon sculpté et percé à jour. La croix tourne sur un pivot dont la base est en granit. La croix est en pierre calcaire et le détail des costumes indique qu'elle remonte au XVème siècle. Le médaillon a deux faces avec des personnages ; d'un côté, on voit le Christ en croix, ayant à sa droite sa mère qui se lamente, les mains jointes ; Saint Jean porte la main droite au visage et tient son évangile de la main gauche ; de l'autre côté, on voit la Vierge et l'Enfant, encadrés de deux saints, à droite un ermite, à gauche un évêque. Sur le fût de la croix, sont sculptés deux personnages à genoux : un homme et une femme, sans doute les donateurs qui ont offert cette croix en ex-voto pour une grâce obtenue. Le pied de la colonne est entouré d'une guirlande de fleurs de lys et de coquilles. L'ensemble est remarquable par l'harmonie des proportions, l'expression des figures et les couleurs, pâlies par le temps, soulignent la finesse des sculptures.

Extrait de la voix des clochers

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Le sanctuaire Notre-Dame-de-la-Salette

Quand éclata la guerre de 1870, la mobilisation générale toucha toutes les communes de France. A Pontmain, 38 jeunes gens furent ainsi appelés sous les drapeaux. Le curé de Pontmain, M. l'abbé Guérin les réunit, les prépara à communier de sa main à la messe qu'il dit pour eux le jour de leur départ. A la fin de la messe, Monsieur le curé élevant la voix les consacra à la Sainte Vierge et les mit sous sa protection ; au presbytère au moment de leur départ, le bon curé leur dit qu'ils reviendraient tous. Tous revinrent sains et saufs sans aucune blessure et en remerciement de cette protection de la Vierge, ils firent apposer un ex-voto que l'on peut toujours lire en l'église de Pontmain face à l'autel de la Sainte Vierge.

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Ce qui s'est passé à Pontmain en 1870 s'est passé aussi à Naftel et dans les mêmes circonstances ; le curé de Naftel de ce temps-là eut la même idée : consacrer à la Vierge les jeunes gens de la paroisse qui étaient mobilisés, ce qu'il fit au cours d'une messe de départ et, lui aussi, eut la joie de les voir tous revenir sains et sauf. C'est pourquoi il eut l'idée avec eux de témoigner leur reconnaissance à « notre Mère du ciel » en élevant un petit oratoire à Notre Dame. A la déclaration de la guerre de 1870, la Vierge n'était pas encore apparue à Pontmain et rien ne le laissait prévoir ; mais l'apparition de la Salette dans les Alpes était la plus récente et l'on comprend que ce soit sous ce vocable qu'il ait consacré les jeunes paroissiens à la Vierge et que l'oratoire qu'ils voulaient ériger à Notre Dame de la Salette retraça une des phases de cette apparition de la Vierge à Firmin et Mélanie.

Le 12 septembre 1971 marqua le centenaire du petit oratoire où tous les dévots de « notre Mère du ciel » se retrouvèrent. 1871 avait vu le commencement des travaux d'édification de l’oratoire mais c'est en 1872 seulement qu'il sera béni.

Extrait de la Voix des Clochers N° 96 Jullet. Août. Septembre 1971

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Les écoles

Comme dans toute la région, on peut penser, d'autant que la paroisse était aux mains de seigneurs éclairés (les de Bordes et de Pracontal), qu'il y eût sans doute autour de 1750 une école tenue par le vicaire à Naftel.

Sous l'autorité des préfets, après 1830, l'instruction publique devint une priorité nationale. La commune, dès 1833, lança le projet d'une école, un peu retardé du fait de la tentative de regroupement (avec Isigny, le Mesnil-Thébault, le Mesnil-Boeufs) initié en 1836 par J.P.Guilmard, originaire de la commune mais officiant désormais comme maire d'Isigny. Celui-ci, deux ans plus tard, relança l'affaire (avec Isigny seulement) pour les jeunes filles, mais à sa mort (1845) l'affaire tomba à plat et Naftel construisit en 1851 sa propre école de filles aux abords de l’église.

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La construction de l'école mixte se fit en 1910 : il y avait à ce moment une institutrice, 35 élèves dont un ou deux étaient « poussés » annuellement à passer le « certificat ».

Il est à noter que l'enseignement dans ce XIXème siècle était certainement de bon niveau car c'est de Naftel que furent originaires les Béchet, dont plusieurs générations de libraires et éditeurs. Louise Béchet dont le portrait orne le musée Balzac de Paris édita ce fameux auteur mais aussi le vicomte d'Arlimont, désormais bien oublié des lecteurs mais gros concurrent à l'époque de Victor Hugo ou encore Benjamin Constant. Il est à noter que la dynastie de médecins du même nom sur Avranches (dont trois exercent encore à l'heure actuelle) émane d'une branche collatérale de cette famille intellectuellement prolifique.

Face au baby-boom de l'après-guerre, Naftel construisit entre 1958-1959 son nouveau « groupe scolaire », lequel accueille désormais la salle polyvalente. Le départ de l'enseignante emblématique Mme Irène Derain, présente ici depuis 1953, vit à la rentrée 1976 la fermeture de la classe unique.

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Le moulin de Naftel : « plus de goule que d'effet » ?

Ce savoureux dicton..., ou plutôt les quatre devises et autant de glissements sémantiques qui l'accompagnent, et que nous évoquerons plus loin, part d'un bâtiment réel dont on peut encore voir les restes sur la route qui mène du village à Saint-Hilaire. Mieux même, en poussant la porte entrebâillée et en écrasant quelques ronces envahissantes, on peut encore voir les restes de ses tournants et impressionnants engrenages.

Même s'il est fortement attaché au personnage du meunier Pierre Guilmard, et surtout de son fils Jacques-Philippe, futur maire d'Isigny (dont nous parlons amplement ici, et sur lequel on reviendra lorsqu'il sera question d'Isigny car il fut un précurseur...en 1838, de l'association de communes), il ne faut pas oublier que ce moulin était attesté dès le XIème siècle. Attaché au fief de la Corblinière, il était, comme tous ses semblables car d'un entretien trop coûteux pour un particulier, propriété des seigneurs locaux, les de Bordes, de Pracontal.

La légende veut que ce soit au personnage de Pierre Guilmard (acquis aux Lumières, mais est-ce seulement vrai parce que son fils fut un volontaire de l'an II ?) que l'on doit le malveillant : « c'est comme le moulin de Navetet, il fait plus de bruit que d'effet » ! Elle donnait à penser, qu'avant la Révolution, le meunier, trop occupé à lire Diderot et Voltaire, laissait tourner à vide les roues de son moulin, trompant ainsi son monde et, en premier lieu, son châtelain. L'explication, plus prosaïque, voudrait plutôt que ce soit du fait que le fief était si petit en vassaux qu'il était plus facile pour le meunier de laisser tourner...en attendant les clients plutôt que d'arrêter et relancer sans cesse la lourde machinerie.

Bref, de là on est passés à « C'est comme le moulin de Navetet, plus de goule que d'effet » à...plus tendancieux pour tous les habitants de la commune : « Naftel, plus de goule que d'effet » ou « il est de Naftel, il en dit plus qu'il n'en fait ». Toujours est-il que malgré toutes ces apostrophes malheureuses, le petit moulin n'en continua pas moins de fonctionner avec ses deux tournants superposés... jusqu'au beau milieu des années soixante ! Il ne faisait, dans les derniers temps que de la « posson » c’est-à-dire de l'aliment pour le bétail mais il fut aussi après la guerre du temps de Léon Escroignard, un des premiers dans la région, à utiliser sa chute d'eau pour faire tourner une petite scierie attenante et même une dynamo fournissant... comme du temps de Pierre Guilmard... les lumières !

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